À voir jusqu’au 30 août 2025 à la galerie Magnin, l’exposition As guardiãs (« Les gardiennes ») met à l’honneur l’univers singulier de l’artiste Ana Silva. Entre broderies, toiles et installations, elle célèbre les femmes de son village tout en interrogeant notre lien à la nature, aux mémoires et aux luttes contemporaines.
Née en 1979 à Calulo, en Angola, Ana Silva vit et travaille à Lisbonne, au Portugal.
Enfant, elle détournait déjà des objets et découpait des chaussures pour en faire des installations sur les murs de la maison familiale. Si cela inquiéta son père au début, c’est un psychologue qui confirma sa sensibilité artistique.
Formée à l’école supérieure ArCo de Lisbonne, elle développe une pratique hybride mêlant peinture, sculpture et installation. Avec cette palette de médiums, elle embrasse une pluralité de matériaux pour exprimer sa créativité : toile, bois, métal, acrylique ou tissu. Ana Silva chine et détourne, transforme. Son expérience dans sa ville natale devient aussi un matériau d’exploration. À l’aide de fil de couleur, elle dessine et brode des scènes de la vie quotidienne.
« Je ne peux pas séparer mon travail de mon expérience en Angola, à une époque où l’accès aux matériaux était difficile, conséquence de la guerre d’indépendance et de la guerre civile. Ma créativité est née de l’exploration de mon environnement proche, de ce qui se trouvait près de moi. Cette expérience a eu un impact majeur sur ma façon de travailler, et ma vie plus globalement », confie l’artiste.
Dans son œuvre, la figure féminine tient une place centrale. Les femmes qu’elle représente, vêtues de robes pailletées aux allures féeriques, se métamorphosent, corps-troncs, bras-branches ou des mains-fleur. Symboles de fertilité, de transmission, mais aussi de résistance, elles s’enracinent dans une végétation foisonnante et poétique.
As guardiãs (les gardiennes) rend hommage aux femmes de son village, véritables gardiennes des luttes, du vivant, des récits. Au-delà de l’intime, Ana Silva élargit le champ. Elle questionne les déséquilibres écologiques, l’exploitation des ressources naturelles. Autant de sujets où l’écoféminisme devient acte de création.
Avec délicatesse et conviction, Ana Silva recoud les fils d’une mémoire fragmentée, pour mieux faire surgir les visages, les gestes et les territoires que l’histoire oublie souvent.


Crédits photo: Ana Silva/Galerie Magnin
Exposition: As guardiãs d’Ana Silva Jusqu’au 30 août 2025 à la Galerie Magnin (Paris)
La rédaction