Depuis dix ans, la femme de médias et entrepreneure afro-caribéenne Nadine Ramin, alias Ayden, a imposé sa marque Glam Ethnik, dans l’univers très concurrentiel de la mode. Entre passion, persévérance et glamour, elle continue de tisser une aventure entrepreneuriale inspirante.
Le 13 juillet prochain, Glam Ethnik pose ses valises en Guadeloupe pour un ultime show anniversaire. Artistes, journalistes, créateurs et clientes s’y retrouveront pour célébrer les dix ans de la marque portée avec passion par sa fondatrice Ayden. On ne pourrait rêver d’un cadre plus ensoleillé que les Caraïbes en cette belle saison estivale.
Déjà en en mars dernier, elle avait réuni plusieurs personnalités pour le show parisien des célébration des dix ans de la marque. Cette étape succédait à celle de Lomé, où la visionnaire a également présenté une collection anniversaire durant le festival de mode Fimo 228 dans la capitale togolaise.
Depuis son lancement en 2015, l’entrepreneure et femme de médias a fait de sa marque de prêt-à-porter le symbole d’une mode à la fois moderne et imprégnée d’une identité afro-caribéenne assumée. Mais aussi symbole d’affirmation de soi, sans doute reflet de la femme qu’elle est aujourd’hui : « Je pense être une femme alignée parce que ma vie m’a permis d’allier mes deux passions, qui sont les médias et la mode. Aujourd’hui, je vis essentiellement de la mode avec Glam Ethnik.»
Il y a aussi une explication plus profonde à cet alignement: «Il y a une seconde partie de ma vie où, passées les études, j’ai vraiment pu m’abreuver de culture, de rencontres et d’expériences multiples. Puis une troisième partie, là où je suis, qui est plus sereine, un peu plus sédentaire, où j’avance dans une direction. Dans cette partie, on s’éparpille moins, on va à l’essentiel. Ça reste beaucoup de boulot, mais la récompense c’est une qualité de vie différente. »
Dans le pop-up shop parisien où elle nous reçoit, l’ambiance est apaisante et joyeuse. Ayden propose du sur-mesure : pour chaque pièce, elle effectue la coupe et son artisan tailleur assure l’assemblage. Les clientes croisées ce jour là sont des habituées. Quand elles n’achètent pas du prêt-à-porter, elles peuvent passer commande d’un modèle. Tout, ou presque, est envisageable, dans le respect de l’esprit Glam Ethnik. Ayden est à l’écoute, suggère des ajustements, complimente. Une relation s’est établie sur la base de la confiance, de l’écoute et du dialogue.
Des Caraïbes aux podiums internationaux
Élevée au sein d’une famille protectrice, sur son île, ses rêves de jeune fille étaient empreints de désir de découvrir le monde. Quitter la Guadeloupe de son enfance et ses 400 000 habitants pour découvrir le monde et tout ce qu’il avait à offrir : tel était son rêve. Suivre des études de journalisme dans l’hexagone s’impose comme le moyen idéal d’accomplir ses rêves.
A Paris, son master en communication en poche, elle découvre un paysage médiatique encore peu ouvert. Elle ne renonce pas pour autant. Elle travaille d’arrache-pied et se fraie un chemin qui l’a conduira sur 3A Télé Sud, puis sur des podiums d’envergure, particulièrement à travers le continent africain. Ces expériences aiguisent son regard, construisent son caractère et l’impose comme une référence dans son domaine.
Depuis, ses apparitions se multiplient sur des scènes internationales, tout comme ses collaborations avec de nombreuses chaînes de télévision. Parmi ses productions, Planète Mode, diffusée sur Trace, impose sa voix et son style dans l’univers de la mode afro-caribéenne. Il y a quelques années, elle prend même les rênes du magazine Black Fashion.
Ayden aime la mode. Lors de ses voyages, elle achète des tissus, va à la rencontre des tailleurs locaux. On pourrait croire que c’est ce que ferait n’importe qu’elle fashionista. Mais Nadine à cette approche particulière qui lui est propre. Si vous la croisez à Brazzaville, attendez-vous à ce qu’elle se rende au marché Poto-Poto pour acheter des imprimés avant de filer chez Mass, un tailleur dont la mine grise de l’atelier ne rivalise pas avec la qualité remarquable de son travail.
Glam Ethnik : célébrer la diversité culturelle
C’est dans ce contexte, avec l’héritage afro-caribéen au coeur, qu’Ayden lance en 2015 sa marque Glam Ethik, caractérisée par des pièces très portables, pensées pour la femme dynamique d’aujourd’hui.
Pourquoi Ethnik ? « Parce que ce n’est pas une marque de wax, ni de madras. » précise t-elle. « L’ethnicité pour moi c’est la diversité culturelle ». Cette vision guide ses choix depuis des années et se reflète aussi bien dans matières dénichées que dans les coupes proposées et les collaborations engagées. La diversité culturelle est un fil d’Ariane.
Chez Glam Ethik, la femme se pare de « coupes bien tendances, des basiques du vestiaire féminin, avec les touches de ces tissus » glanés lors de ses voyages en Afrique, en Asie ou en Europe. « Tu as la jupe crayon ou la chemise city avec des touches de madras. J‘aime beaucoup travailler le jean avec des empiècements madras, ou la combi qui est une de mes pièces fortes.».
Ses dix années passées à habiller la femme lui offrent une compréhension fine de ses clientes. « Cette marque m’a permis d’échanger avec nombre d’entre elles, de comprendre leurs questionnements, leurs besoins et leurs doutes. Et en les accompagnant à travers le vêtement, je les aide à gagner en assurance, et des liens d’amitié se créent.»
Construire une marque dans la durée n’est pas chose aisée. En dix ans, Ayden a fait face à de nombreuses réalités pour poursuivre cette entreprise essentielle. Comme la nécessité de se renouveler constamment : « Maintenant, la mode va tellement vite. Avant, les marques faisaient une à deux collection par an. Aujourd’hui, les gens attendent du nouveau tout le temps. » Il y a aussi les défilés : « Tu ne peux pas proposer exactement les mêmes choses à chaque fois ».
Avec l’arrivée de la fast fashion, un autre équation s’est ajoutée : « Le nombre de fois où j’ai certaines clientes qui me disent ‘‘ j’ai pris une robe Shein à 30 euros pour un mariage. Est-ce que tu peux la customiser ?’’. Je leur dis ‘‘ces tissus-là, il vaut mieux pas les toucher’’». Heureusement ajoute l’entrepreneure : « On est dans un secteur où les gens savent ce qu’ils cherchent. Ils connaissent la valeur de la rareté.»
« Entrepreneur, ta motivation doit être sans faille… »
Aujourd’hui, elle est la seule à proposer des créations en madras à Paris. Et les clientes le lui rendent bien. En boutique ou lors des salons, comme à la dernière Natural Hair Academy, elles sont au rendez-vous. « Ma meilleure motivation c’est quand les femmes m’envoient leur photos parce qu’elles apprécient, portent et sont contentes de nos créations. »
Quand on évoque les réalités de la vie entrepreneuriale, Ayden se souvient d’une conversation avec Malamine Koné, fondateur de la marque Airness : « Il est parti de rien et a finalement eu un empire à 120 millions d’euros. Quand je lui parlais de mon souhait de développer ma marque, il m’a dit : aujourd’hui tu fais beaucoup de choses. Mais le jour où tu feras ta marque, tu verras qu’il n’y a pas d’heures. Il avait raison. Ça veut dire que toute personne qui aujourd’hui veut développer son business doit savoir que sa motivation doit être sans faille. Parce que nous, les jours fériés, on ne connaît pas…»
Dix ans après ses débuts à la tête d’une marque, Ayden poursuit sa trajectoire : « C’est tellement passionnant et épanouissant que tout cet investissement vaut le coup. » Derrière la constance qu’elle cultive, une ambition claire : « Apprendre plus et aller plus loin techniquement. Je suis autodidacte, donc j’ai beaucoup à découvrir. »
Meryll Mezath
Crédits photo: Mario Epanya.
