Cette saison estivale, l’art contemporain africain se décline en noir et blanc ou en couleurs vibrantes, en portraits stylisés ou en fresques intimes. Voici notre sélection des expositions à ne pas manquer.
Roubaix : Sape & Studio, le style en héritage
Au coeur de la ville « aux mille cheminées », l’exposition itinérante « Sape & Studio » à voir uniquement ce 17 juillet puis le 17 septembre, est une invitation à « s’enjailler ». Au rythme du twist des années 60 et des allures des sapeurs congolais. Il faudra aussi compter sur la rumba congolaise et le rock’n’roll pour saisir la vitalité des personnages capturés par le célèbre Malick Sidibé et le photographe Baudouin Mouanda dans un dialogue habile où leurs œuvres font danser les époques.
D’un côté, les célèbres clichés, en noir et blanc, de Sidibé plongent dans l’effervescence des bals poussières à Bamako dans les années 50-60. Loin de l’image misérabiliste, son regard capte l’allégresse d’une jeunesse africaine en pleine révolution stylistique et culturelle. De l’autre, Mouanda, armé de son objectif, saisit la flamboyance des sapeurs congolais. Ces dandys modernes transforment la rue en podium et font de l’élégance un acte de résistance.
Curatée par la fondation Zinsou, l’exposition Sape & Studio est produite par la mairie de Roubaix.


« Sape & Studio » à voir les 17 juillet (Place de l’Alma) et 17 septembre à Roubaix (Campus Gare). D’autres dates sont à venir en septembre.
Londres : Othello’s Countrymen (The Krio Enigma) ou la mémoire picturale d’un peuple déraciné
Jusqu’au 30 août, la Gallery 1957 présente une remarquable exposition d’Arthur Timothy. Entre questionnement de l’identité et exploration de la mémoire, ses œuvres plongent dans un pan important de l’histoire africaine. Celui du peuple Krio, descendants d’esclaves affranchis installés en Sierra Leone dans le cadre d’une ambitieuse et souvent oubliée, expérience coloniale.
Né au Ghana en 1957 d’une mère ghanéenne et d’un père sierra-léonais Krio, Arthur Timothy revient sur l’histoire de sa lignée Krio. A partir de photographies de famille et de recherche d’archives, l’artiste s’empare à fois des questions liées aux racines Krio de sa famille et de l’impact durable de l’esclavage. Il examine comment la race, la culture et l’appartenance sont façonnées et souvent fracturées par l’histoire.
Le titre de l’exposition est emprunté au professeur Eldred Jones. Il évoque Othello, le Maure tragique de Shakespeare, figure d’ascension sociale et de rejet. Une métaphore puissante pour les Krios, tiraillés entre deux mondes.
Othello’s Countrymen (The Krio Enigma) s’accompagne d’un essai curatorial signé de la fille de l’artiste, Isabella Timothy, offrant un éclairage précieux sur cette œuvre sensible.

L’exposition Othello’s Countrymen (The Krio Enigma) d’Arthur Timothy est à voir jusqu’au 30 août 2025 à la gallerie 1957 de Londres.
Barcelone : « La vie en rose » de Jomad et Francklin Mbungu
La vie en rose présente jusqu’au 27 juillet les œuvres de deux artistes, Jomad et Francklin Mbungu dont le travail est une célébration de la force intérieure, de la résilience poétique et de l’identité culturelle. A travers des médiums différents, leurs œuvres respectives dialoguent et rassemblent.
Jomad, d’origine martiniquaise et ivoirienne, aborde la peinture comme un acte méditatif, une excavation de la mémoire, de l’identité et de l’essence créative. Sa série Flowers composée de 20 grandes toiles, enveloppe la figure humaine de fleurs luxuriantes et monumentales. Chez Jomad, la fleur devient un emblème de paix et de réflexion, une offrande de lumière au milieu de la complexité.
Chez Francklin Mbungu, le spirituel et l’héritage esthétique des Sapeurs dominent sa réflexion. Ses œuvres sont une célébration rythmée de la fierté culturelle. Danseurs, musiciens et dandys animent ses compositions avec du mouvement et de l’âme. Un ensemble cousu avec du papier, du fil et de la mémoire. Chaque pièce est une mosaïque de vitalité ancrée dans les couches sociopolitiques et culturelles du Congo d’aujourd’hui.
Bien qu’enracinés dans des géographies et des médiums différents, Jomas et Mbungu invitent à s’arrêter, à réfléchir et à redécouvrir la beauté comme une force radicale et rassembleuse.


La vie en rose de Jomad et Francklin Mbungu est à voir du jusqu’au 27 juillet à la OOA gallery (Barcelone)
Raph Kanyimba