Carnet de voyage : retour au Cameroun, neuf ans après

by Jennifer Keou

Je n’avais pas foulé le sol de mon pays natal depuis toutes ces années. En y séjournant en mai dernier, ce qui aurait pu se limiter à de simples retrouvailles familiales s’est transformé en une redécouverte intime et une reconnexion émotionnelle que je n’avais pas vu venir.

Tant de choses se sont passées en neuf ans. Pourtant, revoir les miens, de la famille aux amis d’enfance, c’était comme reprendre une conversion jamais vraiment terminée. Puis, il y a ce qui ne change pas : les liens et les regards complices. Ces retrouvailles ont renforcé nos connexions et ravivé un profond désir de redécouvrir la terre qui m’a vue naître.

Yaoundé, capitale politique du Cameroun

Yaoundé, la ville aux sept collines.

Quiconque arrive à Yaoundé est saisi par l’effervescence urbaine. La ville a ce côté à la fois exubérant et attachant qui la rend étrangement vivante. Pour celles et ceux qui y ont déjà séjourné, son air familier est une invitation à l’explorer à nouveau, à la redécouvrir et l’apprécier différemment.

Mon exploration a débuté au Village Noah, situé sur les hauteurs de Nkolbisson. Centre sportif et culturel, fondé par l’ancien champion de tennis Yannick Noah, ce lieu est un véritable havre de paix au cœur de la ville. Il respire la générosité, l’espoir et l’engagement local du son fondateur. De nombreux jeunes trouvent ici une alternative, un espace vital où il est permis de rêver. Impressionnant.

Le village Noah

Autre moment fort : la visite du Monument de la Réunification. Lieu chargé d’histoire, c’est un symbole incontournable de la capitale politique camerounaise. Construit au début des années 1970, le monument raconte l’union entre le Cameroun anglophone et francophone. Face à lui, j’ai ressenti à la fois la douleur d’un passé pas si lointain et la promesse d’un avenir commun. Chaque Camerounais devrait voir ce monument au moins une fois dans sa vie.

Difficile de séjourner à Yaoundé sans passer par le marché Mokolo. Connu comme étant le plus grand marché d’Afrique centrale, Mokolo est un véritable labyrinthe commercial. Pas besoin d’aller plus loin pour plonger dans l’âme du quotidien, ressentir la vitalité et la débrouillardise du peuple camerounais. Un spectacle à ciel ouvert dans cette noble lutte pour la survie. Entre étals de pagnes chatoyants, vendeuses de fruits criant leurs prix à qui veut l’entendre, et parfums d’épices enveloppant l’air. Au marché Mokolo, j’ai retrouvé une part de mon enfance. L’énergie qui y circule en fait un lieu vivant, brut et profondément authentique.


Légumes et épices au marché Mokolo

Bandja, le retour aux sources

Après la frénésie de Yaoundé, j’ai pris la route de l’Ouest. Cap sur Bandja, mon village natal. C’est sans doute la partie la plus intime et émotionnellement forte de mon voyage. Situé sur les hauts plateaux, le temps y semble suspendu. Tout respire tradition, sérénité et une certaine sagesse ancestrale.

Tant de choses me semblaient familières. Des cases en terre aux champs de maïs ondulant sous le vent. J’ai redécouvert ses sentiers rouge de latérite, échangé des civilités avec les anciens du village et chose étonnante, pris plaisir d’entendre le chant du coq au petit matin. Ces petites banalités de la vie apportent une quiétude intérieure que l’on oublie parfois dans le tumulte du quotidien.

Bandja demeure le lieu du cœur. En y faisant escale, j’ai retrouvé non seulement mes racines, mais aussi une part de moi-même. J’ai redécouvert un territoire dont l’identité forte en fait assurément une mémoire vivante.

Sur la route de Bandja

Mon voyage au Cameroun a été bien plus qu’un simple retour aux sources. Il m’a appris une autre manière de regarder, de ressentir et d’appartenir. Neuf ans se sont écoulés, et pourtant, le sentiment de n’avoir jamais quitté ces terres m’a habité.

Le Cameroun reste ce pays aux mille visages. Fort, vibrant, complexe, mais terriblement beau. Et surtout, il reste mon pays.

Jennifer Keou (Instagram @jenniferkeou)

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