Quand vient le mois d’août, les fanfares des festivités marquant l’indépendance de plusieurs pays du continent s’annoncent. Tour à tour, chacun honore sa date majeure. Puis arrive le 15 août. La République du Congo ne manque pas cette occasion. C’est un rendez-vous important de l’agenda national, un moment d’histoire.
Certes, il n’impacte pas outre mesure le portefeuille du Congolais ordinaire, mais il nourrit les liens d’appartenance, fortifie les racines identitaires. Congolais d’ici ou d’ailleurs, que l’on soit pro ou contre les célébrations des indépendances, difficile d’échapper à cette résonance.
À Africa Lisapo, nous sommes sensibles à ce moment. Dès le début de ce mois, nous avons choisi d’honorer un enfant du Congo, le chef Christ Bikouedi. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, transparaît son attachement à Pointe-Noire, sa ville natale. Il est jeune et fier d’appartenir à cette terre : « Ma ville Pointe-Noire est une ville magnifique. On a la mer et un paysage qui fait qu’on peut passer d’un environnement à un autre juste en voiture.». Son regard sur le Congo se porte sur l’existant : richesses naturelles et humaines, dynamisme sociale, sensibilité artistique.
Et si ce regard constituait ce qui fait défaut à la conscience collective ? Un regard honnête qui reconnaît le potentiel, honore les réussites et transforme les erreurs du passé en matériau stratégique pour réinventer l’avenir. Un regard dénué de mépris et de condescendance, nourri plutôt par la compassion, la quête d’excellence, la confiance et l’audace.
Se regarder, c’est accueillir toutes nos parts d’ombre et de lumière, nos insuffisances et nos tentatives, nos échecs et nos victoires. 65 ans eza jeu té. L’histoire témoigne que des virages ont été manqués, une identité a été malmenée, une unité fracturée. Cependant, il reste une histoire à écrire. Regardons-nous sans faux-semblants, affrontons l’histoire et faisons différemment. Congolais, eza* possible.
Meryll Mezath
(*eza signifie c’est en lingala)