Dans ce nouveau roman coécrit avec Anna Maria Celli, les deux auteurs livrent un récit poignant où l’intime s’écrit à l’encre des tragédies collectives.
Désir de liberté. C’est sans doute ce qui caractérise Nanitélamio, le personnage central de ce roman à quatre mains.
Née au lendemain d’une guerre civile, Nanitélamio grandit dans un camp de réfugiés, bercée par les blessures muettes d’une mère marquée par l’exil et la perte.
La quête d’un ailleurs la pousse à quitter son « hameau du bout du monde » pour la grande ville, dans l’espoir d’y construire un avenir meilleur. Mais la ville n’est qu’un autre champ de ruines, gangrené par la violence et la misère.
Entre ténacité et désillusion, se dessine le portrait d’une jeune femme dont la trajectoire fera écho à celle de nombreux autres jeunes, confrontés à la brutalité des déplacements forcés, mais portés par une même force : la puissance du désir de vivre.
Extrait : C’était l’année où Nanitélamio est venue au monde. Nous marchions le jour et la nuit. Au début, nous comptions les levers et les couchers de soleil. Nous comptions nos pas. Nous comptions les battements de nos cœurs. Un jour, plus personne ne l’a fait. Les plus faibles sont tombés. D’abord les enfants. Puis les vieux. Et puis les blessés dont les plaies s’aggravaient, faute de soins. Décharnés, des chiens errants nous suivaient à la trace. À mesure que nous avancions dans les entrailles de la forêt, Mafouaou y voyait de moins en moins. Parfois, elle posait ses yeux vides sur mon ventre lourd et s’appuyait contre mon épaule. Je ne m’en plaignais pas. La bête odieuse logée dans mes entrailles implorait sa place au soleil.
Ce qu’il faut de sanglots de Léandre-Alain Baker et Anna Maria Celli publié aux éditions Les Lettres Mouchetées
