La prestigieuse collection Poésie/Gallimard, créée en 1966, accueille L’âme blessée d’un éléphant noir suivi de Stèles du point du jour, de Gabriel Mwènè Okoundji. Une consécration pour l’un des poètes majeurs de la littérature africaine contemporaine.
L’entrée de Gabriel Mwènè Okoundji dans cette collection de référence constitue une reconnaissance de la puissance de son verbe poétique. Pour le poète congolais, c’est une surprise inattendue, mais qui confirme la place essentielle de son œuvre dans le paysage littéraire.
Né à Ewo au début des années 1960, Gabriel Mwènè Okoundji est un écrivain dont les œuvres, traduites en plusieurs langues, puisent leur essence dans la forêt de sa terre natale. Psychologue clinicien à Bordeaux, auteur d’une douzaine d’ouvrages, ce digne mwènè du Congo rejoint ainsi la deuxième grande collection de poche de Gallimard.
La parole poétique de Gabriel Mwènè Okoundji essentielle. Enfant, il grandit dans le bruissement des palabres entre adultes du village. Fait Mwènè par son père à l’age de 14 ans, il découvre ensuite à Brazzaville, où il étudie, le chant des grands baobabs de la poésie négro-africaine, Senghor, Césaire, Damas et Tati Loutard tout en se s’ouvrant aux écrits de Maïakovski : « Jusqu’alors la poésie est une chose qui m’habitait sans prendre corps. On écrivait de la poésie pour les copines. »
Arrivé en France pour étudier la psychologie à Bordeaux, il croise la poésie surréaliste d’André Breton, René Char et Isidore Ducasse qu’i qualifie de « détecteurs du murmure des abysses. »
« Je dis aux jeunes auteurs qui viennent me voir que c’est bien d’écrire, mais écrivez avec votre souffle et vos racines. »
Ses voyages en Finlande enrichissent à nouveau son univers poétique. Il découvre que c’est de la poésie qu’est née la culture finlandaise représentée par de grandes figures comme Elias Lönnrot, père du Kalevala, épopée du XIXe siècle composée de poèmes populaires de la mythologie finnoise traduite en 51 langues. « J’aime ces poètes parce qu’ils ont puisé dans leur culture pour nous donner à entendre aujourd’hui les dieux Zeus, Œdipe, etc. », confie-t-il.
Cette démarche, Gabriel s’en est inspiré dans sa création littéraire : « Dans la forêt où je suis né il y avait des maîtres de la parole, des diseurs d’essentiel, des gens qui avaient l’éloquence du souffle. Parmi eux, il y avait Ampili et Pampou. Ils sont devenus mes maîtres. J’ai puisé dans leur souffle en réapprenant la langue tégué que j’avais oubliée. »
Nourri par la voix de la conteuse Ampili, sa tante maternelle, et par la parole de Pampou, le mage des terres Mpana, Gabriel Okoundji livre désormais une poésie à mi-chemin entre le monde cosmique formé de symboles, de métaphores, de spiritualité et de la pensée philosophique : « Je dis aux jeunes auteurs qui viennent me voir que c’est bien d’écrire, mais écrivez avec votre souffle et vos racines. On n’est jamais meilleur qu’en étant soi-même. Il est important d’étudier car la connaissance est nécessaire, mais l’ignorance de soi et de ses racines est très grave. »
Sa proximité avec sa terre natale passe aussi par son rapport à la langue tégué très présente dans l’écriture. On en retrouve l’écho dans , Stèles du point du jour, Dialogue d’Ampili et Pampou : « Tout homme doit savoir être propriétaire / de ses empreintes. / Ké Nkini mpali o’ngolo ! »
Avec la parution de L’âme blessée d’un éléphant noir suivi de Stèles du point du jour chez Gallimard, préfacé par le critique littéraire Boniface Mongo-Mboussa, Gabriel Mwènè Okoundji franchit un nouveau cap dans la reconnaissance de son œuvre.
