Les ‘’Folon Brou’’ ou les tisanes de la Maison Mandjou

Maison Mandjou, entre raffinement et ancrage

by Sonia Davault

En quatre ans d’existence, Maison Mandjou s’est imposée comme une signature à part dans le paysage gastronomique ivoirien. Entre exigence du goût, respect des produits locaux et ambition créative, sa fondatrice Ahoua Touré redessine les contours d’une haute gourmandise africaine.

Il y a, dans les créations de Maison Mandjou, un parfum de défi lancé à l’histoire, une réinvention patiente du goût ivoirien à l’aune des codes les plus exigeants de la gastronomie contemporaine. Fondée en 2021 par Ahoua Touré, une entrepreneure ivoirienne formée entre traditions familiales et inspirations internationales, la Maison s’est imposée comme une exception. Celle d’un luxe enraciné, à la fois audacieux et cultivé, qui revendique la Côte d’Ivoire comme une terre d’innovation culinaire.

Le biscuit comme manifeste

Maison Mandjou est d’abord née d’un geste simple : celui de pétrir. Dans la mémoire affective d’Ahoua Touré, la cuisine est un espace sacré, hérité des après-midis passés auprès de sa mère et de ses sœurs. Mais ce geste domestique est rapidement devenu un manifeste. Chaque rice sablé, biscuit sans gluten à base de farine de riz, est pensé comme une œuvre miniature. Peu sucrés, subtilement épicés, leur texture fondante et raffinée signe le style d’une biscuiterie ivoirienne de luxe qui n’a rien à envier aux maisons occidentales.

Les saveurs ne flattent pas seulement le palais, elles racontent une histoire. Celle d’un pays exportateur mondial de noix de cajou, dont les citoyens ont choisit de transformer sur place ses produits d’exception. Celle d’un continent qui se réapproprie ses épices, ses textures, ses récits. Mais aussi, celle, plus intime, d’une femme qui veut faire rayonner son pays à travers la précision d’un sablé.

Une gastronomie du sens

À rebours du folklore ou de l’exotisme convenu, Maison Mandjou s’inscrit dans une gastronomie du sens. La collection Mandjoucajous, par exemple, est un chef-d’œuvre d’originalité : dix déclinaisons de noix de cajou grand cru, chacune travaillée comme un vin rare. De la vanille-cannelle à l’aïoli, du gingembre au foie gras. Loin du simple enrobage, chaque création exige du temps. Une dégustation lente, presque méditative, où l’arrière-goût vient révéler les subtilités des mélanges.

Dans un monde pressé, Maison Mandjou invite à ralentir. À redécouvrir les vertus de la lenteur, du soin, du rituel. L’expérience se poursuit avec les tisanes artisanales aux écorces africaines, les infusions de fleurs conçues dans le respect de l’environnement, et surtout, les célèbres Manrobés de Samory Touré, ces sablés au chocolat à congeler avant dégustation, pour un choc thermique qui amplifie la sensation.

Le nom n’est pas choisi au hasard : Samory Touré, figure historique de résistance et d’intelligence tactique, est ici réhabilité dans une vision impériale du goût.

En mars dernier, les Manrobés de Samory ont été récompensés par une médaille Gourmet décernée par l’Agence pour la Valorisation des Produits Agricoles (AVPA), en France. Cette distinction a été obtenue dans le cadre du prestigieux concours international « Chocolats élaborés à l’origine », réservé aux chocolatiers implantés dans les pays producteurs de cacao. L’objectif de ce concours est de mettre en lumière le savoir-faire local et affirmer que ces territoires, souvent cantonnés au simple rôle de fournisseurs de matières premières, ont aussi le talent et l’exigence nécessaires pour créer des chocolats d’exception, rivalisant, voire surpassant, ceux des grandes maisons occidentales.

Un luxe ivoirien assumé

La force de Maison Mandjou réside aussi dans son positionnement. Ni élitisme creux ni marketing creux. La Maison s’adresse à une clientèle qui valorise le raffinement, mais aussi l’ancrage : classes moyennes montantes, professionnels de la gastronomie, diaspora exigeante. Tous y trouvent une proposition rare : celle d’un luxe africain sans compromis, qui parle d’héritage, de modernité et d’ambition.

Pour Ahoua Touré, le luxe ne doit pas être copié, mais réinterprété. « Mon ambition est de montrer que la Côte d’Ivoire ne se résume pas à l’attiéké ou au foutou », explique-t-elle. « Nous avons le talent et la créativité pour rivaliser avec les plus grands. » Une ambition assumée, nourrie de rigueur, d’excellence et d’identité.

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